Merri en Inde

Delhi

Il fait très chaud et humide et ça sent super mauvais dans les rues. Il font des bâtiments énormes et plein de temples comme le Fort Rouge ou le temple Birla Mandir. La nourriture est très épicée et ils mangent beaucoup de thali (plat avec des sauces et des puri). Quand c’est la mousson il pleut énormément alors que quand c’est la saison sèche il ne pleut pas une goutte d’eau.

Jaisalmer

On est arrivés à Jaisalmer en train de nuit indien de 2ème classe et il était super sale. Le fort de Jaisalmer est tellement grand qu’il y a une ville et un palais immense dedans. Le fort est situé sur une colline et on a une tellement belle vue depuis les remparts qu’on a décidé de faire une vidéo avec le drone.Puis on a fait une promenade sur des chameaux et une nuit dans le désert avec un français qui s’appelait Nicolas.Et il y avait même des scorpions !🦂

< strong>Jodhpur<<<<<<
rnomme la ville bleue et elle est toute bleue. Le fort de Mehrangarh mesure 122 mètres de hauteur et ils ont aussi inventé des portes anti éléphants. Les portes forment un angle droit par rapport au chemin et empêchent les éléphants de les enfoncer. Le palais du maharadjah à été fait sans mortier et ils ont posé la première pierre avec une truelle en or.

< strong>Ravankpur<<<<<<
rès différent des autres villes, on passe du désert à la jungle tropicale. Et il y a un temple magnifique.

< strong>Udaipur<<<<<<
lac gigantesque et un palais avec vue sur ce lac. Il font des miniatures au dixième de millimètre près. Et ils ont même pu écrire mon prénom sur un grain de riz. Et on a fait une vidéo avec le drone au-dessus du lac tellement il était joli .< img src="https://tournicotonscom.files.wordpress.com/2017/10/img_0016.jpg&quot; class="alignnone wp-image-652" height="862" alt="img_0016" width="1148">< strong>Pushkar<<<<<<
lac sacré et plein de gens viennent faire leurs ablutions. Ils font plein de processions et il y a même des gens qui méditent allongés dans le lac. Et notre hôtel était sympa parce qu'il y avait des lianes partout.

< strong>Jaipur<<<<<<
centre d'astronomie où il y a un cadran solaire précis à 2 secondes près et des instruments pour trouver l'étoile polaire ou l'horoscope des gens. Et il y a aussi un fort qui mesure un kilomètres de long.🏰

Agra Le Taj Mahal a été fait entièrement en marbre et en pierre semi précieuse et les minarets sont un peu penché vers l’extérieur parce que si ils tombent ils ne tomberont pas sur le Taj Mahal . Et dans la piscine de l’hôtel il y avait même des singes.

Kannauj Il pleuvait tout le temps et il y avait des singes dans les rues.

Mysore Il y avait un palais qui la nuit s’illumine à 19h pile avec des milliers de lampes. Et on a vu le Maharadjah .

Puis on est allé dans une usine de distillation de santals et il y en avait partout.

Munnar On a fait une balade dans les plantation de thé pendant une journée et on a aussi fait du drone . Puis on est allé dans une usine qui fabrique du thé: pour commencer on sèche les feuilles de thé puis on les broie ensuite on les re sèche et pour finir on les trie .

Madurai On était dans un super hôtel avec des paon partout et une piscine et il y avait même un terrain de tennis. Et on a pu joué avec des français.

Au revoir l’Inde 🇳🇪🇳🇪🇳🇪

Séverin en Inde

Photo qui indique les toilettes pour hommes à l’aéroport de New-Delhi

Tuk-tuk à New-Delhi

 Les vaches sur les routes causent de nombreux embouteillages

Tableau de Yogi à Jaisalmer


Le portrait du peintre du yogi (échangé avec un dessin qu’il a fait de Séverin)

Nico, français rencontré à Jaisalmer

Divinité Jaïn à Jaisalmer

Chute d’eau dans notre hôtel à Udaipur

Sadhu en sortant du restaurant à Udaipur

Chat de l’hôtel de Pushkar

Cérémonie face au lac de Pushkar

Petit déjeuner à Pushkar

Chauffeur de tuk-tuk à la barbe et aux cheveux oranges à Jaipur

Notre hôtesse à Kannauj

Vache qui mange des détritus

Cabane de personnes pauvres

Arbre entouré de déchets à Mysore

Scooter béni à Mysore

Téléphone béni à Mysore

Plantations de thé à Munnar


Monstre (sorte de lion) sur chaque colonne du temple de Madurai

Une journée ordinaire entre Mysore et Munnar

Ou comment je me retrouve à nettoyer nos sacs à dos à cause de mon chargeur de drone. Vous allez voir c’est compliqué !

Dans un précédent épisode, mon chargeur de drone a grillé. Et pour l’instant impossible d’en trouver un en Inde… J’économise donc mes deux batteries qui étaient chargées.

Or ces batteries avaient une fonction bien utile. Grâce à un petit bitonio, la batterie se transforme en chargeur de téléphone ! Et vue la puissance de la batterie, on peut charger au moins huit téléphones…

Sans batterie, on est prudents. Pour une nuit de voyage, on doit éviter de consommer pour ne pas avoir à utiliser les batteries pour recharger. On a donc décidé d’éteindre le téléphone qui nous sert pour partager la connexion 3G et pour les appels locaux, grâce à sa SIM locale.


Dimanche, on avait des places à quelques mètres du Premier Ministre indien pour la grande parade de Mysore, avec environ 100 000 indiens (j’ai vite arrêté de compter) dans le jardin du palais. Ça se termine vers 17h, donc on a le temps de rentrer (notre hôtel est à 500 mètres du palais), prendre nos bagages, et aller à pieds à la gare routière prendre un bus à 18h50. En théorie tout va bien.

On a promis aux enfants qu’ils verraient le Maharadjah, mais celui-ci ne vient bénir la statue d’une déesse locale qu’à la fin de l’interminable parade. Dès qu’il a fait coucou on part. Il est 17h15.

On ne peut pas aller directement vers l’hôtel car la sortie la plus proche est bloquée par le défilé. On doit donc partir à l’opposé et faire le tour. Le tour dans le sens horaire est légèrement plus rapide (5 min gagnées). Pour avoir une chance de prendre une dernière douche avant la nuit en bus, je choisis le sens horaire, mais manque de bol, le défilé sort du palais et nous empêche de passer ! Au lieu de 500 mètres c’est 3 km qu’il faut maintenant faire (le tour du palais dans l’autre sens) ! Il est 17h30.

Et la foule sort, il y a du monde partout ! Un rickshaw nous fait gagner 2 km (en se faisant plaisir sur le prix). Il est 17h45. Mais on termine le dernier km à pieds car il y a trop de monde partout.

Arrivés à l’hôtel à 18h, trop tard pour la douche mais on a le temps d’acheter des chips. On part tranquillement à la gare. Arrivés sur place, à 18h30 comme prévu, un type me saute dessus. Je reconnais l’employé qui m’a vendu les billets de bus. Je lui dis bonjour, comment ça va ? Trop content d’avoir quelqu’un pour m’indiquer le quai de mon bus dans ce bordel bruyant.

Il me dit « votre téléphone est débranché ! Je vous ai appelé toute la journée ! Votre bus ne peut pas entrer dans la ville à cause du festival, il faut le prendre à un autre endroit à 4 km! »

On saute dans un rickshaw, à l’indienne. Là où on doit prendre Séverin sur les genoux habituellement, on arrive à monter à quatre plus nos six sacs à dos ! Et ça entre ! « Il y a toujours de la place » !

Google maps m’indique 23 minutes de trajet, et le bus part dans 13 minutes. Gloups ! L’employé du bus m’a envoyé un numéro que j’appelle. L’homme au téléphone me dit de lui passer le conducteur du rickshaw. Ils se parlent et le rickshaw nous lâche en face d’un bus blanc en nous disant « c’est là ! ». Mais le bus est de l’autre côté d’un terre-plein sépare une deux fois deux voies qu’on doit traverser avec les enfants et nos sacs. Il fait nuit mais heureusement il n’y a pas trop de trafic. Arrivés au bus, le chauffeur nous dit qu’il ne va pas à Munnar ! Il est 19h.

Mon téléphone sonne. Je ne comprends rien à ce que me dit le type, mais j’entends une sirène dans le téléphone et je vois une ambulance de l’autre côté du carrefour. Je comprends alors que je parle au chauffeur de notre bus ! On traverse le carrefour en courant avec nos sacs (heureusement ils respectent les feux à Mysore).

Et là, on voit une dizaine de personnes qui courent vers nous, prennent nos sacs et nous emmènent à un autre bus blanc. Ce sont les autres passagers qui nous attendaient et nous cherchaient !

On monte dans le bus, soulagés mais toujours speed. Nos sacs empêchent les gens de regagner leurs places, alors on les glisse sous nos sièges sans avoir le temps de mettre leurs housses. On trimbale ces housses (400 grammes chacune, c’est pas négligeable), et pour une fois qu’on a vraiment besoin de les mettre, on n’a pas le temps !

Finalement, on mange nos chips, les enfants mattent un dessin animé. Le bus fonce et la suspension nous fait voler de tous les côtés. Aurélie me dit qu’elle a trop peur, qu’elle n’arrivera jamais à dormir.

On donne un sac plastique aux enfants en leur conseillant de dormir. « On ne vomit pas quand on dort » demande Merri ? « Non mon chéri, dors vite ! ».

Et bien si, on peut vomir en dormant ! À minuit on entend derrière nous « Papa, Maman, Merri me vomit sur le bras ! ». Et là on voit Merri, assommé par le sommeil et la nausée, les yeux ouverts mais incapable de réagir, qui se vide sur lui ! Ça dégouline entre les sièges, sur les pieds de leur voisin de derrière !

Heureusement, le bus s’arrête dans une gare routière. On nettoie comme on peut, on change Merri, et on échange nos places avec les voisins qui ne veulent pas passer une nuit les pieds dans le papier journal que le chauffeur a posé par terre. On s’excuse encore platement, et le bus repart. Au premier virage, le type qui est maintenant à notre place reçoit un truc sur la tête. C’est la chemise de Merri que j’ai vaguement lavée dans la gare, et qu’on a posée sur mon sac au dessus pour ne rien salir !

Je pense qu’il ne faudra plus lui parler de la France à celui-là !

Finalement, les enfants se rendorment, je somnole, Aurélie répond à ses emails en retard jusqu’à s’effondrer à quatre heures du mat. La dernière heure, je profite du paysage incroyable au lever du soleil, me félicitant que les autres dorment. La route monte en lacets, les petits auraient encore vomi, et Aurélie aurait flippé…


À l’arrivée, on constate l’étendue des dégâts. Les sacs sont collants, dégueulasses.

Donc hier, séance de nettoyage de sacs, au savon, avec une eau qui ne rince pas.

Tout ça à cause d’un chargeur de drone !

Un tour du monde, c’est pas des vacances !

Nous sommes partis depuis un mois et demi. Et nous apprenons notre nouveau « métier » de tourdumondistes tous les jours.

Partir un an n’est pas comme partir deux semaines en vacances.

Déjà le sac n’est pas le même. Les affaires sont plus variées : je n’aurais certainement pas pris de baskets en vacances, ni de moustiquaire, ni de serviettes de bain, ni de   gros stocks de médicaments. Tout ça prend de la place. Alors on réduit les quantités. L’idée est de tenir une semaine, donc tout  (caleçons, t-shirts…) marche par 7.

Donc les plans laverie doivent s’enchaîner tous les 4 ou 5 jours, histoire de pouvoir attendre 36 heures que le linge sèche, comme ici à Mysore.

On envoie des paquets tous les mois vers la France. Ils contiennent quelques trucs dont on n’a pas besoin (le dernier doudou de Séverin part demain), les tenues islamo-compatibles d’Aurélie n’ont plus de justification, les petis souvenirs (on n’a pas de place pour les gros !), et des clés USB pour sauvegarder les photos (les connexions internet sont trop lentes pour le cloud, surtout quand on fait 2 go de photos par jour !). On rationalise aussi pour que nos sacs ne craquent pas (finalement un seul pull ça devrait suffire). Bref, on ne cumule pas comme on le fait en vacances.

En Iran, on était techniquement en vacances car les cours ne pouvaient pas commencer avant le 1er septembre. On enchaînait donc une visite le matin et une l’après-midi. On avait prévu de ralentir le rythme à la rentrée. En faisant cours le matin, tout prend deux fois plus de temps. Donc on reste quatre jours dans les villes, là où on ne serait resté que deux ou trois jours en vacances. Les cours ont commencé à Jaisalmer :


Mais on se rend compte que ça ne suffit pas.

Les enfants aiment la stabilité. Changer d’hôtel tous les quatre jours, c’est lourd pour eux. Ils ne disent rien les petits choux. Ils encaissent. Mais si on leur demande ouvertement, ils verbalisent un manque de stabilité. Aujourd’hui, lorsque je suis rentré de chez le coiffeur, Merri a sursauté en me voyant. « Ah non ! Tout change tout le temps ! On change de maison tous les quatre jours, et maintenant tu changes de tête aussi ! »


Et puis il y a plein de choses qu’on ne fait pas en vacances.

Bosser. Aurélie a des missions locales à remplir et à organiser (visite de plantations, d’usines, écriture, alimentation de réseaux sociaux professionnels). Et donc lever les enfants à cinq heures du mat pour patauger dans la boue des champs de tubéreuses. Et elle a aussi des clients en France à gérer !

Aller chez le coiffeur. C’est tout con, mais c’est la première fois que je me fais couper les cheveux à l’étranger. Et ça prend un peu de temps de se renseigner sur le bon salon, les prix, etc.

Tout ce qu’on fait en rentrant de vacances doit être fait sur place. Le tri des photos (4000 en un mois et demi), le montage des vidéos, si on ne les fait pas au fur et à mesure, c’est mort, on ne le fera pas au retour, il y en aura trop !

Organiser les prochaines étapes, c’est un boulot ! On ne veut pas trop planifier à l’avance et on essaie de trouver un logement en arrivant dans une ville. Mais il faut acheter les billets de train, bus ou avion à l’avance (sinon pas de place !), parfois réserver un hôtel comme ici à Mysore pour le festival Dasara. Rien que choisir où on va (et donc où on ne va pas) réclame de longues discussions une fois les garçons couchés.


Et écrire ce blog, ça prend du temps ! Mais c’est obligatoire pour garder un lien avec les copains et la famille. Encore un besoin qu’on n’a pas lorsqu’on part deux semaines.

Bref, on doit encore réduire la cadence. Finalement, si on veut tenir un an, faire cours, tout gérer, profiter des bons moments avec les enfants, et ne pas rentrer crevés, c’est par quatre qu’il faut multiplier le temps passé ! Et donc par quatre qu’il faut diviser le nombre de visites !

L’Inde, un tuktuk trop chargé 

La route la plus moderne d’Inde entre Agra et Lucknow ne laisse pas présager de ce qui nous attend. Pour une fois, pas de vache sur la route, il y a des barrières tout le long qui ne laissent passer que les chiens. D’ailleurs leurs cadavres qui pourrissent sur place rythment agréablement le voyage.

On dépasse à 120km/heure des piétons, des charrettes à cheval. On double d’ailleurs allègrement à droite ou à gauche en repérant au loin les voitures à contresens qui évitent ainsi un détour pour prendre la bonne entrée. Idem, faites attention au camion qui décharge des blocs de pierres garé perpendiculairement à la voie ! Bref, si vous croyez savoir conduire, oubliez tout et laissez faire les pro. Seuls les locaux peuvent survivre ici (et encore, l’un des contacts d’Aurélie n’a pas le permis, il a trop peur !).

Et on se dit que, au pire, ils croient en la réincarnation…

C’est aussi toute la hiérarchie du transport qu’il faut revoir en Inde.

Une famille se déplace en moto, à 4 voire 5 ! Un enfant de 10 ans devant, le papa, la fille de 5 ans, calée devant sa mère en amazone (sari oblige !) et qui tient dans ses bras un bébé de quelques mois ! Le tout sans casque évidemment et à 80 km/heure sur l’autoroute… J’avais l’estomac noué rien qu’en les voyant.

Les transports en commun sont souvent plus petits que nos voitures individuelles. On compte au moins 15 femmes dans ce tuktuk, les quatre à l’arrière avec les jambes pendantes à l’extérieur.


Notre record pour l’instant, une jeep qui transportait une trentaine d’hommes ! Neuf sur le capot, quatre accrochés debout à l’arrière, quatre dont le conducteur a l’avant, et une quinzaine sur et entre les deux banquettes arrières.

Enfin, je n’ose pas imaginer combien de personnes se tenaient dans le bus qu’on a vu, couché sur le côté au milieu d’une voie rapide ! Un camion benne garé derrière recevait les bagages qui étaient extraits des coffres du bus accidenté. Pas de quoi alarmer notre chauffeur, visiblement habitué.

Les transports sont une allégorie de l’Inde. Les indiens sont bien trop nombreux pour tous tenir dans ce pays, mais en se serrant, ils y arrivent !

Deux faces de l’Inde

Ce qui est cool avec Aurélie et son tour du monde des odeurs c’est qu’on sort des sentiers battus. Cette semaine on a largement dépassé la recherche du galbanum perdu en termes de, euh, exotisme, enfin disons de boutdumondisme.

Sous prétexte de sentir du shamama, de la rose et d’autres matières, Aurelie a emmené sa petite famille à Kannauj. Ne cherchez pas, c’est à trois heures à l’Est d’Agra au milieu de nulle part. On arrive à Kannauj, sous la pluie. La route devant notre guesthouse n’est pas goudronnée et la mousson l’a transformée en une alternance de flaques profondes et de boue où flottent les détritus. Ici on se déplace à pied, en cariole à cheval, en tuktuk ou en voiture selon votre niveau social. Et comme partout on conduit à l’oreille, au klaxon.

C’est à Kannauj que j’ai commencé à saturer.

Du monde partout, dans une pauvreté amplifiée par la boue la pluie, et le bruit. Cette petite ville représente des milliers d’autres en Inde. Et on se dit que l’échelle de la pauvreté en Inde est infinie !

En plus, j’ai eu l’impression que rien n’avait changé depuis mon dernier voyage il y a 11 ans ! Comment sortir un milliard de personnes de la misère ? Combien de temps cela peut-il prendre ? Nos contacts nous disent que le pays s’améliore, que la Chine a fini sa croissance et que c’est au tour de l’Inde. Mais que c’est long !

Nous étions logés à l’indienne, mais version luxe, avec la clim, mais avec les insectes, une mignonne petite souris qui nous faisait coucou tous les soirs, un baquet pour se laver (c’est très agréable de se verser de l’eau au pichet), et une installation électrique qui a grillé mon chargeur de drone…

Rien de méchant, donc. Mais confiné dans cette chambre (nos hôtes ont flippé quand on est sortis à pieds pour déjeuner), pendant qu’Aurélie partait en expédition sentir la rose, j’ai senti la poids de la pauvreté infinie.

Je sais, c’est con. C’est la troisième fois que je viens en Inde, j’adore ce pays. Mais qu’il est dur aussi !

Heureusement, nos hôtes se sont mis en quatre pour nous protéger de cette image de l’Inde qu’ils ne veulent pas diffuser.

On a été pris en charge du début à la fin du séjour. La guesthouse était gratuite, ainsi que les repas ! Aurélie a été trimbalée pendant des heures (5 aller et 6 retour) pour voir la distillation des roses ! Moi-même, je suis allé voir un médecin à 2h30 de route (5 heures en tout !), conduit par notre hôte, qui évidemment n’a rien demandé en échange ! Et 5 heures de gymkhana, je peux vous promettre que c’est épuisant !

Après les temples incroyables, les forts et les palais, voici la pauvreté et la volonté des indiens de la masquer. Un pays si complexe que je ne le comprends toujours pas. Je reviendrai…

Les gosses au Taj Mahal

Pendant un tour du monde, on n’a forcément pas le même rythme qu’en vacances.

On a les cours à faire, donc on multiplie tous les temps par deux. On se garde des plages de repos, car, à la différence des vacances, on n’a pas la reprise de boulot pour se reposer.

Par exemple, avoir un peu de temps en trop a permis à Merri de jouer au cricket dans un terrain vague (il a d’ailleurs compris la signification de ce mot), où les trous participent au jeu (aller chercher une balle tombée au fond laisse du temps à ses adversaires pour enchaîner les « runs »). Merri était préposé à la recherche des balles envoyées par dessus le mur de l’hôtel, car les locaux n’avaient pas le droit d’y entrer. En vacances, il n’aurait pas été les voir, et n’aurait jamais compris les règles du cricket, ce qui aurait certainement manqué à son développement intellectuel (sauf pour lire le Guide du Routard Galactique).


De même, on leur laisse voir des films de temps en temps. C’est vrai, quoi, les pauvres petits n’ont pas leurs potes, il faut bien qu’ils s’amusent.

Donc hier soir, ils ont regardé un film avant le dîner (je vous laisse deviner lequel en lisant la suite). Et aujourd’hui, réveil à 5h30 pour voir le Taj Mahal au lever du soleil.


On les avait briefés : Muntaz Mahal, épouse préférée (la polygamie ne leur a visiblement pas posé de problème) de Shah Jahan est morte en donnant naissance à leur quatorzième enfant, et fou de chagrin, l’empereur lui fit construire le plus beau mausolée du monde. Bref, ils avaient bien conscience qu’ils vivaient un moment unique.

À côté de leurs parents en extase (même si on le visitait pour la deuxième fois), Merri se plaignait de la chaleur (j’avoue que je dégoulinais moi-même), et Séverin m’a posé cette question fondamentale :

« Papa, Golum c’était un Hobbit, avant d’avoir l’anneau ? »

On nous a menti ? Les palais du Rajasthan

Mon premier grand voyage fut au Japon en 1994. J’avais pris trois ans de cours de Japonais en école d’ingénieur, et je partais un mois à Kyōto, hébergé dans la famille Tabata, et avec des cours de langue (écrit et oral) tous les matins. Les après-midi étaient consacrés aux visites de la ville en vélo. Je me souviens avoir vu dans un musée des bronzes chinois datant de 1000 avant Jésus-Christ !

Cette découverte a bouleversé la chronologie que j’avais de l’humanité. Bien formé à l’école occidentale, j’étais étaient naturellement biaisé avec des repères méditerranéens pour les plus anciens (Grèce, Rome) et européens ensuite (renaissance, révolution industrielle). Comment ça ? Des bronzes merveilleusement décorés étaient déjà produits en Asie il y a 3 000 ans ??? On nous aurait menti ?

Et comment se fait-il que les philosophes chinois (Lao Tseu, Confucius) étaient contemporains de nos Socrate et Aristote, alors qu’on ne les connaît que de nom ?

C’est bien sûr par omission qu’on nous ment. Il n’y a certainement pas de volonté de nous désinformer. Mais sans ce voyage et ceux qui ont suivi, je n’aurais peut-être pas compris que la renaissance chinoise actuelle s’appuie sur un fondement culturel solide et puissant, qui n’a rien à envier au nôtre. Et que l’on aurait tort de la regarder avec condescendance, comme s’ils ne faisaient que copier notre modèle.

Au Rajasthan, j’ai ressenti la même chose en contemplant les palais des Maharadjas. Leur gigantisme n’a parfois pas d’équivalent en Europe.

Par exemple, j’ai mentalement tenté de comparer la situation du fort de Jodhpur avec le Haut-Koenigsburg. À vu d’œil, ils sont aussi haut perchés l’un et l’autre. De même, on dit que le château de Sedan (ma ville natale) est le plus vaste d’Europe à son époque. Là encore, j’ai l’impression que le fort de Jodhpur le dépasse. Et c’est sans compter sur le raffinement de la partie habitation du fort, mélange de sculptures, de fresques, de tableaux de miniatures exquises, et de miroirs (influence Iranienne ?).

P1050795

Et le palais d’Udaipur ? 300 mètres de façade donnant sur le lac, 30 mètres et 7 étages de haut. Gigantesque ! J’ai shooté cette vidéo avec le drone mais je n’ai pas osé aller trop loin. Ça donne quand même un bonne idée des proportions du machin !

Et Amber ? Le fort est si vaste qu’on doit faire un panoramique pour le fixer en photo !


Chacun de ces forts marquait la puissance d’un roi du Rajasthan. Chacun de ces rois jouissait donc de la puissance de nos rois européens (au concours du plus gros château, ils les dépassaient même !).

Qu’on ne les connaisse pas, soit. Mais qu’on ne sache même pas qu’ils ont existé et qu’ils avaient une telle puissance, c’est pour moi la preuve qu’on porte encore trop souvent des œillères.

En visitant le monde, on trouve des similitudes, des éléments de comparaison, même avec un pays aussi abracadabrantesque que l’Inde. Et on se rend compte que notre « supériorité » est toute récente, fragile peut-être, économique sans aucun doute. Vue la puissance des forts du Rajasthan, il n’est pas étonnant qu’on ait dû attendre la révolution industrielle et ses armes pour les conquérir.

Il s’en est fallu de peu que le rapport de force soit inversé. Et peut-être le sera-t-il un jour…

Feu, purification et sacrifice

J’ai toujours eu le sang paradoxalement glacé à l’idée de mourir brûlé vif.

Jeanne d’Arc, les cathares à Montségur, Jan Palach ou plus récemment les victimes des incendies au Portugal (des témoins ont vu des gens sortir de leur voiture avec les cheveux en feu) ou dans la tour Grenfell à Londres, toutes ces pauvres âmes ont dû à un moment souhaiter que la mort vienne vite. Comme dans Le Monde du Fleuve, de Philipp Jose Farmer, où l’un des personnages conseille à ses compagnons de bûcher de respirer un maximum de fumée pour mourir asphyxiés avant que les flammes n’arrivent…

Bref, lorsqu’on nous explique le jauhar à Jaisalmer, je ressens assez fortement l’horreur que ça devait être. Et avec mon regard d’occidental, je me trompe complètement…

À Jaisalmer, on ne se rend jamais. Lorsque le siège s’éternise (l’un a duré 12 ans !?!), on se prépare au Jauhar. Les femmes vont prier au temple, puis se baignent, se maquillent, mettent leurs plus beaux habits et leurs plus beaux bijoux, pour retrouver leurs maris au ciel. Puis elles se jettent d’elles-mêmes dans un immense bûcher !

Lorsque leurs épouses et leurs filles sont parties en fumée, les hommes sortent du fort, sabre au clair, pour aller se faire massacrer dignement.


C’est arrivé deux fois et demie dans l’histoire de Jaisalmer. « Et demie », car la troisième fois, pressés par le temps, les hommes n’ont pu qu’égorger leurs femmes et leurs filles sans accomplir les rites sacrés. Les traditions se perdent ma bonne dame !

À Jodhpur, le roi Rao Jodha voulut construire un fort sur une colline occupée par un sadhu. Celui-ci jeta un sort sur le lieu dont il était expulsé. Pour conjurer le sort, un homme se porta volontaire pour être enterré vivant dans les fondations.

Toujours à Jodhpur, les femmes du Maharaja montaient avec leur mari sur le bûcher de sa crémation. La dernière fois que ce rite a été pratiqué ne remonte qu’à 1843. J’imagine donc que des anglais (avec donc les mêmes a priori occidentaux que moi) ont peut-être assisté à cette scène !

Cette notion de sacrifice ne doit certainement se comprendre que si l’on est intimement persuadé qu’on se réincarnera après la mort, et probablement dans un être meilleur car cette mort est belle et suit des préceptes religieux très stricts.

Mais personnellement, je préfère ne pas essayer de comprendre, rester dans ma position bornée d’occidental, et savourer le plaisir de me trouver sur une autre planète…

Une nuit dans le désert 

Le Petit Prince est vendu dans toutes les langues dans le fort de Jaisalmer. Je me suis d’abord étonnée de cette curiosité puis j’ai compris.

Il suffit de vivre cette expérience pour retrouver la magie du livre.

Les « agences » qui vous proposent le tour sont nombreuses ici. Nous optons pour celle qui nous a été conseillée par un français. Nicolas travaille en tant que bénévole pour un petit hôtel du fort, à deux pas du nôtre. Son projet : continuer de voyager en proposant des vidéos aux hotels en échange du gîte. Ça donne des idées, ou du moins des envies… Il viendra avec nous prendre quelques images. La vidéo ci-dessous a été montée à partir de ses rushs.

Départ vers 15h en jeep pour une bonne heure de route afin d’arriver au village où se trouvent les dromadaires. Nous montons sur les bêtes dans un mélange d’odeurs de selle, de bouc et d’haleine de chameau ! Il faut bien se tenir quand l’animal se lève, au risque de goûter le sable.

Une bonne heure s’en suit de « remue-dos/frotte-fesse ». Les enfants renomment sur le champ leurs montures en « çagratte » et « passtable ». Comme on le comprendra le lendemain, ça fait aussi travailler les cuisses. Mais le jeu en vaut la chamelle ! La promenade sur le désert du Thar est grandiose.

Nous arrivons après la mousson, il y a donc de la végétation mi verte – mi séchée, de grands cactus, des arbustes aux feuilles géantes dont les fleurs sont utilisées lors des mariages. Quelques effluves de garrigues et d’oignons sauvages s’échappent de temps en temps et viennent accompagner la teinte orangée que prend le désert au soleil couchant.

Nous nous arrêtons sur un petite crête, là où le sable a repris ses droits. L’endroit est idéal pour camper et les 3 chameliers qui nous accompagnent préparent la nuit : les coussins des selles sont posés sur des nattes, se transformant en matelas de fortune. Des couvertures, qui me semblent bien trop chaudes pour la température, sont disposées dessus.


Pendant que nous apprivoisons l’endroit, (Laurent avec son drône, les enfants en roulant dans le sable), un festin de prépare : les chameliers concoctent un thali végétarien délicieux. La cuisine est entièrement préparée sur place et la vaisselle est faite au sable.


La lune bientôt pleine commence à nous plonger dans une lueur bleutée. On y voit parfaitement. Ce qui est bien pratique pour voir ce que de petites mains d’enfant peuvent trouver en creusant le sable. Merri pousse un cri : sa main a frôlé un scorpion. Les guides nous avaient pourtant dit qu’il n’y en avait pas ! Comme quoi la notion de sécurité varie toujours d’un pays à l’autre. Effectivement, la bestiole de 10 cm est belle, de couleur vert-jaune, assortie au désert. Cela marque la fin du creusage, Merri ne quittera plus sa lampe de poche et ses chaussures.


Nous nous couchons donc en contemplant la lune et en écoutant le vent dans les dunes. Vers 4h du matin, un chien, (sorti d’où ???) vient se battre avec celui des chameliers, me sortant de mon sommeil. Il a bien fait : la lune s’est couchée derrière la dune permettant enfin de voir la voûte étoilée. Magique : un ciel sans avion, des constellations nettes à 360 degrés. Le vent s’est levé et je comprends maintenant l’utilité des couvertures, ça souffle fort dans le désert, la température chute, et le bruit est impressionnant. Après quelques heures à regarder ce spectacle immobile bercée par le vent, je ferme les yeux.  Le marchand de sable a dû passer.