Se sentir pauvre dans un pays pauvre

Il y a quelques jours, Aurélie et moi avons eu le même sentiment, alors que nous n’étions même pas ensemble.

Grâce à la magie des visites de plantations, nous nous sommes retrouvés (invités, merci Stephan !) au Marriot de Bangkok. Autour de l’hôtel, d’autres hôtels de luxe, des énormes centres commerciaux, et des boutiques… de luxe.

Rien n’est pensé pour les piétons, qui sont relégués sur des passerelles entre la rue embouteillée et une autre voie de voitures à quinze mètres de haut !

Pas impressionnés, nous le voyons maintenant cet étalage de richesses avec plus de recul. En long voyage le budget ne permet plus de coups de folie. Tous ces produits, parfums, toutes ces fringues deviennent immédiatement hors de portée financière. Plus, on n’en a même pas envie !

C’est donc un drôle de sentiment que celui de se sentir pauvre ici. Et de voir des locaux (et pas uniquement des touristes) se ruer dans ces magasins et dépenser des sommes ahurissantes. On se sent petits…

Mais très vite, on revoit les villages qu’on a traversés, les bidonvilles en périphérie. Et on se souvient qu’on est quand même dans un pays pauvre !

On mesure alors combien ces sociétés sont inégalitaires. Il est possible de faire des fortune, mais la majorité reste à un niveau de développement très limité. Sont-ils plus malheureux pour autant ? Ça dépend peut-être de leur rapport à la modernité comme je l’expliquais il y a quelques temps.

C’est donc d’autant plus choquant de voir ces écarts. Ils existent aussi en France, mais chez nous, n’oublions pas l’éducation gratuite, les soins presque gratuits, etc.

Certains brandiront la théorie du ruissellement, selon laquelle l’enrichissement d’un petit nombre bénéficie au plus grand nombre. Je veux bien y croire, mais la vitesse de ruissellement me semble extrêmement faible. Il faudrait une volonté politique, que ces pays en développement ne semblent pas avoir pour l’instant.

Le lendemain nous avons rejoins Kaossan Road, le quartier des backpackers. Beaucoup plus populaire, avec des airs de canal Saint Martin, on s’y déplace à pied, on y croise le plus gros rat du voyage, il y a de petites boutiques, de petits hôtels, de petits restos… Et on s’y sent tellement mieux ! Et ce n’est certainement pas parce qu’on s’y sent riches !

Ca nous a permis de refaire la même photo qu’il y a trois ans, avec le même dessert bizarre et délicieux (coco, banane et tapioca), devant la même gargote de rue de Bangkok. Juste Séverin avec trois ans de plus…

On y a aussi acheté des drapeaux de tous les pays de notre tour du monde, qu’un vieux monsieur a cousu avec une machine Singer sur le sac des enfants. Ce sac banal est devenu unique au monde, et maintenant ils se battent pour le porter !

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