Savoir et voir

C’est la troisième fois que je viens en Inde et la deuxième fois à Delhi. Pourtant le choc est toujours le même…

Je sais que l’Inde est pauvre, très pauvre.

Je sais que nulle part ailleurs la sensation de foule ne vous oppresse à un point tel que vous arrivez à visualiser ce concept abstrait que l’on nomme « milliard ».


Je sais que la saleté indienne n’a pas sa pareille ailleurs sur terre, à tel point que les machines à laver se vendent mal, car seul un frottage manuel en vient à bout.


Je sais que le bruit de Delhi vous assomme, permanent, grinçant, mélange de Klaxons de tuktuks (comment les blâmer, il ne font qu’obéir aux « please horn » écrit à l’arrière des camionnettes à trois roues), de bêlements de chèvres et de moutons (oui, en pleine ville, jusque sur les terrasses, attendant leur tour pour l’AÏd, juste sous la fenêtre de la chambre des enfants), et des cris des hommes qui tirent des charrettes à bras, chargées de chiffons, de boîtes non identifiées, ou de briques !

Je sais qu’on croise ici plus de mendiants, d’orphelins, de nains (de naissance ou de malnutrition), d’handicapés qui se déplacent accroupis, ou pour les chanceux en pédalant à une main (l’autre tient le guidon) une chaise à trois roues, de mutilés (y compris volontaires comme cette femme qui agitait un bras facturé et non ressoudé croisée en 2004), d’enfants rachitiques aux grimaces implorantes et aux grands yeux noirs.
Je sais tout ça. Je l’ai déjà vu à la télé (comme tout le monde), je l’ai déjà vu moi-même. Je sais.

Mais le voir ! Voir tout ça en vrai, dix fois, cent fois en boucle, à droite, à gauche, partout à perte de vue ! C’est une sensation radicalement différente.

Savoir ne dépasse pas la sphère intellectuelle. Alors que Voir est une expérience physique. Vos sens saturent votre cerveau d’informations, c’est trop ! C’est trop, mais c’est la réalité qui prend forme.

Juste avant le départ, j’avais un peu l’appréhension de trop savoir où j’allais passer l’année. J’avais vu des photos sur Internet des différents pays qu’on allait visiter. Et j’avais peur d’être déçu, de ne rien découvrir que je ne savais déjà.

Mais j’ai compris que savoir et voir ne sont pas la même chose. Je suis rassuré, le reste du voyage m’apportera une expérience du réel.

L’essence même du voyage est d’aller voir.

7 réflexions au sujet de « Savoir et voir »

  1. Bonne non rentrée des classes, les copains !
    Continuez à profiter de la vie et à nous faire rêver.
    Enormes bises,
    Flo du 50, tout vide sans vous…
    (Heureusement qu’on a Marie-Jo)

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